Louis Aragon

 



Louis Aragon naît en 1897. Sa jeunesse est construite sur des mensonges, de part sa naissance d'enfant adultérin. Il pense alors que ses parents sont morts quand il était jeune. On lui présente sa famille comme sa famille adoptive, du fait que son père est un député et ex-préfet de police. Aragon est donc présenté comme le fils adoptif de sa grand-mère maternelle qui est Madame Claire Toucas, comme le frère de sa mère Marguerite Toucas-Massillon et le filleul de son père qui est Louis Andrieux. 

En 1917, à 20 ans, Aragon s'engage de lui-même, en tant que qu'étudiant en médecine, dans la première guerre mondiale. Il restera horrifié par les horreurs de la première guerre mondiale, ce qui jouera un rôle prépondérant dans son engagement politique et son œuvre littéraire. 

À la fin de la première guerre mondiale, Aragon fait partie des troupes françaises qui occupent la Rhénanie, selon les accords du traité de Versailles. Ce qui le frustre c'est qu'il ne peut alors pas participer activement à ce que Breton, Cocteau... commencent à penser à ce qui deviendra le surréalisme. Aragon animera cette révolution littéraire à son retour à Paris.

Durant la guerre, en Allemagne, Aragon entame l'écriture de Anicet ou le panorama, il s'agit de son premier roman. Il finit de l'écrire en 1919. Avec ce roman, Aragon se pose en représentant de la modernité, il fait table rase de ses prédécesseurs, tels Apollinaire et Rimbaud. Dans ce roman, Aragon se met en scène aux côtés de Breton mais aussi d'Apollinaire et Chaplin. Aragon est le plus influent dans l'écriture du manifeste du surréalisme. Aragon a également encouragé Soupault et  Breton a développé ce qu'ils avaient entamés avec Les champs magnétiques, une œuvre essentielle du surréalisme, qui élabore le concept de l'écriture automatique. La technique de l'écriture automatique consiste à écrire sans contrôle conscient, pour laisser libre cours aux pensées, images et associations spontanées. Cette méthode vise à libérer la créativité et briser les conventions littéraires traditionnelles.

En 1924, Louis Aragon publie Une vague de rêves, un texte qui raconte le surréalisme de façon pratique où il célèbre la liberté de l'esprit rejetant les contraintes logiques. La même année, André Breton publie Le manifeste du surréalisme un essai qui théorise le surréalisme. 

En 1926, il dévoile Le paysan de Paris est considéré comme un roman surréaliste, ce qui est contraire aux valeurs prônées par Breton dans le manifeste. Le texte dérange les adeptes de Breton par son côté hybride, en effet, il mélange récit, poésie et réflexions. Néanmoins, la structure narrative et l'ancrage dans le réel s'éloignent de l'écriture automatique. Ce qui suscite des critiques chez les puristes du surréalisme. Contrairement à Breton, Aragon ne compte pas renoncer au genre du roman et considère même que le surréalisme gagnerait à s'en saisir. 

 Après avoir abandonné ses études de médecine, en 1919, Aragon, par l'intermédiaire de Breton, travaille pour le couturier et mécène en art, Jacques Doucet. Doucet est un amoureux d'art et de littérature et rémunère Aragon pour lui constituer une bibliothèque d'œuvres majeures. Ce partenariat permet à Aragon de se consacrer à son travail d'écrivain et de s'intégrer dans les milieux littéraires parisiens. Cette entente durera de 1922 à 1926, par convictions politiques Aragon rompra ce contrat. En 1927, Louis Aragon prend sa carte au PCF. 

C'est en 1930, que Louis Aragon prend pour la première fois la direction de l'URSS. Il se rend à Kharkov où se déroule un congrès des auteurs prolétariens. L'objectif de ce congrès est de faire adopter les bienfaits de la révolution prolétarienne aux écrivains. Ce congrès marque un tournant dans la carrière d'Aragon qui s'éloigne du surréalisme pour rejoindre le courant littéraire du réalisme-socialiste, tel que prôné par Moscou et servant le régime soviétique de Staline.

Dans la lancée de son engagement politique communiste stalinien et à sa conversion littéraire au réalisme-socialisme, Aragon publie en 1931 le poème Front Rouge. Il appelle à faire feu sur les sociaux-démocrates et à mener une révolution. Prenant cela très au sérieux, les autorités françaises le poursuivent en justice. Ses amis surréalistes, en tête Breton, se mobilisent pour prendre sa défense et celle de la liberté artistique et dénoncent une censure étatique. Néanmoins, Breton critique le soutien sans faille d'Aragon au stalinisme et lui reproche d'avoir abandonner l'idéal libertaire des surréalistes pour faire la propagande de Moscou et du PCF. Bien que reconnaissant de leur soutien, Aragon rompt avec ses anciens camarades littéraires du surréalisme.  

À l'après-guerre, Aragon dévoile Les Communistes où il retrace le début de la guerre et la résistance communiste. À partir de 1941, alors que le PCF est interdit, Aragon joue un rôle essentiel dans la résistance intellectuelle. Il gère le Comité National des Écrivains sous la tutelle du PCF. Bien que respectant le pacte germano-soviétique, Aragon commence dès 1939 à rassembler les auteurs français, dont Triolet, et prépare la résistance. Ces écrivains résistants publient des textes dans des revues clandestines comme Les lettres françaises. Durant l'occupation nazie, Louis Aragon publie en 1941, le poème Le Musée Grévin, dans lequel il appelle ouvertement à la résistance contre le joug nazi. Louis Aragon sera, à la libération, le premier auteur français à évoquer la barbarie nazie et les camps de la mort, dans ses écrits littéraires. Dans le magazine Les Étoiles, journal clandestin, dont il est le responsable d'édition, il décrit les horreurs nazies et la persécution contre les juifs et les communistes, il y dénonce la collaboration du gouvernement de Vichy. 

En 1941, le régime nazi invite plusieurs auteurs français à Weimar pour un congrès littéraire. Le congrès se tient en Octobre 1941 et a pour objectif de faire la propagande intellectuelle et culturelle du nazisme. Sept écrivains français ont participé à cet événement du III Reich dont Drieu la Rochelle ami et amant de jeunesse de Louis Aragon. Ce congrès a permis à l'Allemagne nazi de légitimer l'occupation de la France. 

En 1941, en pleine occupation, Aragon rencontre le peintre Matisse, à Nice, en zone libre. Bien que Matisse est âgé de 30 ans de plus, ils entament une relation amicale avec un profond respect mutuel. Leur relation se développe autour de l'art de chacun des deux hommes. En 1943, Aragon sert de modèle à Matisse pour une série de dessins publiés dans l'œuvre Thèmes et variations. L'écrivain rédigera la préface de l'ouvrage. 

En 1950, Aragon parachève son cycle romanesque Le monde réel. Il est composé de 5 œuvres de romans (Les cloches de Bâle, Les beaux quartiers, Les voyageurs de l'impériale, Aurélien, Les communistes). Dans cette œuvre magistrale, Aragon explore, dans le registre du réalisme-socialiste, les bouleversements sociaux et politiques de son époque, le XXème siècle. Cette œuvre montre l'engagement communiste d'Aragon et la lutte des classes omniprésente, les tensions entre prolétaires et bourgeois, sont mises en lumière.  

À la mort de Staline, en 1953, puis celle de Thorez, en 1964, au sein du PCF, malgré les contestations, Aragon participe activement à la déstalinisation. Il soutient la contestation notamment les révoltes dans le bloc de l'Est contre le régime soviétique, comme le Printemps de Prague. 

En 1956, Khrouchtchev dénonce le culte de la personnalité de Staline et Aragon rompt d'avantage avec l'idéologie stalinienne. Dans cette continuité, dans les années 1960, Aragon, dans Lettres Françaises, revue dont il est le directeur de rédaction, donne la parole à des écrivains, comme Kundera, dissidents du pouvoir soviétique. Il critique les abus du régime soviétique. En 1968, alors que la Tchécoslovaquie tente de mener une politique plus démocratique et autorise d'autres partis politiques, le pays est envahit par l'URSS, et ses alliées du Pacte de Varsovie. Aragon y perçoit une trahison aux idéaux socialistes.Aragon signera la préface du roman de Kundera La Plaisanterie, au lendemain de l'invasion soviétique de la Tchécoslovaquie, ce qui confirme la rupture d'Aragon avec l'orthodoxie communiste. En rédigeant cette préface, Aragon fait connaître les auteurs dissidents du bloc de l'Est à l'Occident, ce qui vaudra à l'URSS de ne plus apporter de soutien financier à la revue d'Aragon. Dès 1968, Aragon condamne l'intervention militaire soviétique à Prague et soutient les réformes libérales tchécoslovaques, il y voit un moyen de réconcilier communisme et liberté. 

En 1970, Elsa Triolet décède. Aragon, "libéré" de ses contraintes maritales, assume au grand jour sa bisexualité et fréquente les bars gays. Il prendra même part à des gays pride, en compagnie de son nouvel amant. Le PCF, encore sous l'égide soviétique, réagit froidement à cette information et prend ses distances avec l'écrivain. En effet, depuis 1933, l'URSS Stalinienne avait criminalisé les relations homosexuelles considérées comme une "déviance bourgeoise". À la mort de Staline, en 1953, Aragon avait quant lui pris ses distances avec le stalinisme et participé à la déstalinisation, il reste membre du PCF jusqu'à sa mort, en 1982. 

En 1971, Aragon publie un livre intitulé Henri Matisse, roman, contrairement au titre de l'ouvrage, il ne s'agit pas d'un roman. Le livre est constitué de 551 documents sur 800 pages, le lecteur y retrouve des poèmes d'Aragon, des dessins de Matisse... Il s'agit d'un ouvrage sur l'art aussi bien la peinture que la littérature. À travers ce livre, Aragon se pousse lui-même ainsi que ses lecteurs à une réflexion artistique et sur le travail de Matisse. Le livre questionne la relation entre littérature et peinture. Bien qu'on retrouve dans cet ouvrage d'autres peintures que celles de Matisse, tout tourne autour de ce peintre pour mieux comprendre et analyser son travail.


POÉSIE

L'une des particularités d'Aragon poète, c'est que nombreuses de ses œuvres poétiques ont été reprises en chansons, comme L'étrangère qu'à interprété en chanson Léo Ferré. Cette reprise de Ferré figure sur son album intitulé simplement Les Chansons d'Aragon, l'album est sortit dans les bacs en 1961. 

Les littéraires classent la poésie d'Aragon en trois périodes chronologiques bien distinctes. La période du surréalisme, celle du militantisme politique et enfin une période de poèmes plus intimes. 

Il y a un surréalisme thématisé, emblématisé par Breton mais il y a divers surréalismes. Celui d'Aragon est plus proche de la rupture du dadaïsme, il n'y a pas de dimension réconciliatrice par le symbole qu'on retrouve chez Breton. 

Le texte Le paysan de Paris d'Aragon est son œuvre surréaliste majeure, il dévoile une exploration philosophique et poétique de Paris. La prose est lyrique, rythmée par des images audacieuses et des associations inattendues, caractéristique du surréalisme. Dans ce texte, mêlant différents genres littéraires, Aragon révèle le merveilleux dans le quotidien

Le crève cœur symbolise la deuxième période de la carrière d'Aragon, celle du militantisme politique. Il écrit ce recueil de poésie durant la Seconde guerre mondiale. Il exprime un cri de douleur devant l'occupation et d'appel à la résistance. Au cour d'un poème, Aragon compare les deux guerres mondiales séparées de seulement 20 ans et établit un parallèle entre les deux générations de conscrits. Dans ses œuvres poétiques politiques, il y a part de violence symbole de son militantisme communiste, c'est le cas de son poème Front Rouge paru dans le recueil Persécuté persécuteur, en 1931.  

Dans ses poèmes plus intimes, la présence de Triolet son épouse est permanente. Elle est sa muse omniprésente et son amante, Aragon crée un véritable mythe autour de sa femme. Dans des recueils comme Les Yeux d'Elsa ou Le fou d'Elsa elle est célébrée comme une source d'inspiration poétique et un symbole de résistance. Elsa devient une allégorie de la beauté, de la liberté et de la lutte contre l'oppression. Aragon transcende l'amour personnel pour en faire une métaphore universelle, mêlant lyrisme et engagement politique.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

La guerre des autres

Guerre d'Algérie (1954-1962)

La dernière tentation du Christ