Chili: d'Allende à Boric
Le 3 Septembre 1970, Salvador Allende est élu président du Chili. Il va rapidement adopter des mesures sociales qui vont changer le Chili en profondeur, gel des prix, hausse des salaires de 40 à 60%, création d'allocations familiales, retraite à 60 ans, gratuité des soins médicaux, construction de logements, éducation gratuite. Il nationalise des secteurs clés de l'économie chilienne comme le textile, les banques, industries du fer et charbon. De grands propriétaires agricoles sont expropriés, ces lopins de terre sont redistribués. Il permet également aux autochtones de récupérer des terres qui leur avaient été spoliées par les colons espagnols. Allende va jusqu'à nationaliser des entreprises de cuivre sous mandat étasunien, ce qui va provoquer les foudres de Washington, qui ne voyait pas d'un bon œil son accession au pouvoir. De plus, en 1971, Fidel Castro, père de la révolution cubaine, rend visite à Allende et va provoquer la haine de la droite chilienne. La droite chilienne et Washington vont tout faire pour destituer Allende et ça se conclura par un coup d'État en Septembre 1973, soit trois après l'arrivée au pouvoir des socialistes.
Le lendemain dans la presse, les membres du gouvernement Allende et dirigeants politiques de gauche sont qualifiés d'ennemi de la nation et doivent se présenter. Le général Pinochet, nouveau chef d'État du Chili, dissout le congrès et suspend la constitution. Tous les partis politiques sont interdits et la presse censurée. La bourgeoisie exulte, elle retrouve ses grands privilèges et reprend son écrasante domination des travailleurs. Des arrestations arbitraires se multiplient, tous ceux suspectés d'être des militants socialistes sont arrêtés, beaucoup seront torturés voire exécutés. Les stades de foot, dont le principal stade de Santiago, sont transformés en centre de détention. Les corps des défunts sont jetés à la mer ou enterrés dans des fosses communes. Pour accélérer le processus de lutte contre le marxisme, Pinochet va condamner à l'exil des millions de chiliens. Une police politique verra le jour dans le but d'arrêter toute personne suspectée de défendre des idéologies de gauche. Avec l'aide de la CIA, la dictature de Pinochet trouvera la planque d'un de ses plus fervents opposants, Miguel Enriquez, il sera abattu. Appuyé par ses amis des États-Unis, Pinochet va mener une politique ultra libérale, qui profitera aux plus aisés. Les pauvres, eux, s'enfoncent dans la misère. En 1976, un quart des chiliens n'ont plus de revenu. Toutes les mesures sociales de Allende s'évaporent, les conquêtes sociales, les allocations familiales sont envolées. En ce qui concerne les syndicats, ils sont anéantis. Les jours de travail sont plus longues qu'elle ne l'ont jamais été, chute de 50% des salaires, En 1980, une parodie d'élection par référendum est proposée par Pinochet, sans surprise sa proposition de réforme de constitution l'emporte. Il va poursuivre sa politique dictatoriale et ultra libérale, en privatisant le système de retraite, de l'assurance santé ainsi que l'éducation supérieure mais aussi du gaz, de l'eau et de l'électricité. Les banques et industries nationalisées sous Allende sont bradées et privatisées. Au milieu des années 80, un grand vent de révolte se lève sur le Chili contre la dictature de Pinochet. Les militaires commettant des crimes aux yeux de tous restent impunis, un couple est aspergé d'essence et incendié par des soldats qui ne subiront aucune sanction. Face à ces tensions, Pinochet organise un référendum en 1988, il s'incline et accepte sa défaite mais maintient la constitution de 1980 et demeure chef des armées.
En 1989, un nouveau président chilien est élu démocratiquement, ,Patricio Aylwin, il est issu du Parti Démocrate Chrétien, parti de droite. Ce parti est connu pour avoir soutenu le coup d'État de 1973. Ce conservateur maintiendra les mesures libérales entreprises sous la dictature de Pinochet. Le chaos social auquel fait face, à cette époque, le Chili, conduira de nombreux chiliens dans la rue. Aylwin démissionnera. Au tournant des années 2000, Michelle Bachelet deviendra la première femme à diriger le pays, elle est élue sous l'étiquette socialiste. Son gouvernement entreprendra quelques mesures sociales mais ne pourra se débarrasser de la constitution de 1980, qui est plus qu'un frein pour faire avancer socialement le pays. Elle exercera deux mandats présidentiels. En 2022, le chili élit un nouveau président de gauche, le jeune Gabriel Boric. À son investiture, il rend hommage à Allende, héros de l'électorat de gauche, Boric tente de changer la constitution de 1980 par référendum mais échoue. Il prône une politique sociale, pro-LGBT, en faveur des droits des femmes, il est confronté à une opposition de droite féroce dont des nostalgiques de Pinochet.
via ce documentaire arte : https://www.youtube.com/watch?v=qZFxpRvj19I&t=7s
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