Le coup d'État de Pinochet

 
Augusto Pinochet


Salvador Allende

Comme pour les guerres d'Indochine et du Vietnam, je réalise cet article en m'appuyant sur un documentaire d'Arte. Celui-ci, concernant le coup d'État de Pinochet au Chili est en 3 parties.

Partie 1:  https://www.youtube.com/watch?v=h8Xm3cfLSPI

En Mars 1973, le Chili se rend aux urnes pour élire son parlement et les sénateurs. Deux blocs se font face, l'opposition de droite constituée par le Parti Démocrate Chrétien et le Parti National, face à l'union de gauche regroupée sous la bannière Unité Populaire, qui soutien le président Chilien, en place depuis Septembre 1970, Salvador Allende. La droite cherche a obtenir au-delà de 60% des voix afin de contrer la politique du gouvernement Allende et tenter de le destituer. Les socialistes remportent l'élection et renforcent leur base électorale. La droite chilienne et Washington sont écœurés par le résultat et comprennent qu'ils ne pourront pas destituer Allende par la voie légale.
Ces élections ont lieu dans un contexte particulier et tendu car depuis 1971, le Chili subit le boycott économique des États-Unis, voulu par Nixon, pour contrer les mesures sociales d'Allende et dans le but de contrer la montée du socialisme-communisme en Amérique latine.

Suite à leur défaite électorale, la droite chilienne va jouer une tactique méprisable. En effet, l'opposition va accuser de nombreux députés et ministres d'actes illégaux, sans aucune preuve. Cela va fonctionner, chacun des socialistes victimes d'allégations va devoir passer devant le parlement et faire face aux votes des parlementaires. Ainsi de nombreux ministres et députés vont être destitués de leurs postes. Dans les mois qui suivent, la droite, ayant la majorité parlementaire, va systématiquement bloquer toutes les propositions sociales du gouvernement, plusieurs dizaines au total. Certaines auraient permis aux travailleurs d'autogérer leurs usines, d'exproprier des propriétaires de groupes privés... Ce n'est que le début du chaos, des manifestations de mouvements fascistes de l'extrême droite chilienne vont s'intensifier. L'idéologie de ces groupes fascistes, le principal étant Patrie & Liberté, gagnent du terrain notamment au sein de l'armée et de la droite. Le but est de semer un chaos social avant de renverser le gouvernement socialiste. L'extrême droite chilienne reçoit des financement de la part des grands groupes industriels du pays mais également de Washington.

En Avril 1973, en soutien au gouvernement socialiste, une manifestation est organisée par les syndicats des travailleurs. Le parcours de la manifestation passe tout près du siège du Parti Démocrate Chrétien, aux fenêtres du QG du parti des coups de feu sont tirés, un travailleur est abattu, six de ses camarades sont blessés. La justice traîne volontairement des pieds, aucun suspect n'est interpellé. Le conseil constitutionnel s'en satisfait, le(s) coupable(s) ne sera jamais démasqué. Manipulés par la droite des travailleurs se mettent en grève, principalement des mineurs, des commerçants et des professions libérales. La même droite qui les réprimait dans le sang, quand elle était au pouvoir, recueille des fonds de solidarité. Ces travailleurs recevront également le soutien de la bourgeoisie, patronat et enfants de la classe la plus aisée scolarisés dans le privé. Une manifestation avec des allures fasciste est organisée.

Lors du mois de Juin 1973, la droite marche sur Santiago avec pour mot d'ordre l'exigence du départ des socialistes du pouvoir. Les travailleurs syndiqués organisent une contre-manifestation, des affrontements ont lieu. Le 21 Juin 1973, à l'appel des syndicats, 500 000 mille chiliens se rassemblent à Santiago pour s'opposer à la montée du fascisme et soutenir le gouvernement socialiste. À la fin du mois de Juin 1973, la grève s'achève, bien qu'il ait vacillé, le gouvernement est toujours en place. La droite utilise son dernier recours pour le renverser, l'armée. 

Partie 2: https://www.youtube.com/watch?v=Bc4qPzlIopY

La tentative de putsch avorte. Mais aucun des partis de l'opposition ne dénonce cette action anticonstitutionnelle et anti-républicaine d'une frange de l'armée. Tout semble indiquer que derrière se cache le groupuscule fasciste Patrie et Liberté. 
Dans les semaines qui suivent, l'armée perquisitionne les usines, des maisons, syndicats et même des cimetières à la recherche d'armes, ils font chou blanc. Le peuple n'a rien à cacher. Suite à la montée du fascisme et le putsch tenté, une partie du peuple manifeste et demande à Allende de leur fournir des armes pour se défendre, ils vont jusqu'à évoquer la création d'une armée populaire, le peuple ne sera pas entendu. Allende et son gouvernement socialiste veulent à tout pris éviter un affrontement armé, ils savent que si cela venait à se produire, leur défaite serait assurée car de nombreux hauts gradés sont favorable à un coup d'État. 

Durant les mois de Juillet et Août, des groupuscules d'extrême droite, entraînés par la CIA, commettent des attentats. Ils reçoivent le soutien de toute l'opposition de droite. La CIA finance également la grève des camionneurs afin de paralyser le pays et fragiliser son économie afin de pousser Allende dehors. Devant cette situation et suite à l'appel de l'église catholique de trouver un accord dans le calme et la paix, le Parti Démocrate Chrétien et Allende se rencontrent mais les propositions faîtes par le PDC sont indécentes et Allende les rejette. Pour calmer les évènements, Allende nomme des militaires à des postes clés du gouvernement dont Pinochet ministre de l'armée.

Le 22 août, l'opposition rompt avec le régime constitutionnel. L'union des droites considèrent ne pas avoir les ressources pour destituer le président Allende. Par un vote parlementaire, que la droite remporte, ils obtiennent une résolution mettant un terme à ce qu'ils considèrent des violations de la constitution par le gouvernement. Ils en appellent à l'armée de rétablir l'ordre et le droit constitutionnel. Ce vote légitime un coup d'État militaire. Quelques jours plus tard, une manifestation est organisée devant le domicile du général Pratz chef des officiers respectant la démocratie, dans la foule, il y a des femmes de généraux. Pratz comprend qu'il n'a plus le soutien de ses collègues. Il se retrouve contraint de démissionner. Pinochet devient commandant en chef.

Le 11 Septembre 1973, la marine chilienne entame les hostilités et encercle une ville côtière. Les États-Unis affrète des destroyers et reste en contact avec les putschistes. Le président socialiste Allende se rend au sein du palais présidentiel, il est au courant de la situation. Les haut gradés fidèles à Allende et à la constitution ont été neutralisés rapidement par les putschistes. Allende se retrouve avec sa garde républicaine retranchée dans le palais présidentiel, il autorise certains de ses hommes à fuir tant qu'il est temps. Les putschistes lui lancent un ultimatum et prétendent qu'il sera autorisé à quitter le pays par voie aérienne, il refuse de se rendre. L'aviation chilienne commence à bombarder le palais présidentiel. Allende adresse un dernier message à son peuple, assurant qu'il ne se rendra pas aux putschistes et évoque la grandeur du peuple. Il se suicide. 

Dès le lendemain, toutes les forces militaires terrestres sont mobilisées pour réprimer le mouvement populaire avec le soutien des États-Unis. Ce qui était la plus longue démocratie de l'Amérique du Sud s'éteint mais la résistance commence clandestinement.

Partie 3 : https://www.youtube.com/watch?v=UjmnV-QfEn0

Retour en 1972, le président socialiste a en 18 mois entamé des réformes profondément sociales, avec son gouvernement. Il a nationalisé les plus grandes exploitations minières, ainsi que les banques et il a exproprié des millions d'hectares de terres cultivées. Les États-Unis et la droite chilienne ont entravé le fonctionnement du gouvernement. En Octobre 1972, une première grève des transporteurs est lancée par la droite et soutenue par les USA qui ne fournissent plus les pièces détachées essentielles. Le New-York Times révélera que le premier soutien financier de cette grève est le gouvernement étasunien, qui souhaite ainsi paralyser le Chili,  refréner l'économie locale afin de fragiliser le gouvernement. Dès la fin de l'année 1972, la droite tente de faire chuter Allende en le destituant, elle prétend qu'il ne respecte pas la constitution.
Les opposants au gouvernement socialiste s'accapare les produits de première nécessité afin de créer une situation de pénurie. Devant la situation, le gouvernement décrète l'État d'Urgence c'est à l'armée de défendre l'ordre public.
Un groupe fasciste commet un attenta terroriste contre un train de passagers, suite à cet événement tragique les ouvriers font bloc et surveillent en permanence leurs usines pour éviter qu'elles soient ciblées. En plein Santiago, les fascistes sèment le chaos mais sont neutralisés par les flics et des travailleurs soutien du gouvernement.
Pour tenter de calmer la situation et notamment le Parti Chrétien Démocrate, Allende fait rentrer un militaire dans son gouvernement, le général Pratz. Les grèves se terminent et les choses commencent à rentrer dans l'ordre. Les États-Unis voient ça comme un échec. 
Toujours en fin d'année 1972, les travailleurs vont s'organiser et fonder ce qu'ils appellent le Pouvoir Populaire. Ce sera un grand mouvement prolétarien, ils vont occuper des usines ainsi que des exploitations agricoles, pas suffisamment exploitées à leurs yeux. Ce sont désormais les travailleurs qui contrôlent leur outil de travail et le gèrent à leur manière, selon les besoins. Vu que la droite s'est emparée des stocks de produits essentiels, le Pouvoir Populaire va fonder ses propres commerces en se fournissant directement chez leurs camarades producteurs. Dans les grandes, ils seront à l'origine de coopératives qu'ils géreront eux-mêmes, pour fournir à chaque travailleur de quoi se nourrir. Ils vont endiguer la crise voulue par Washington et la droite chilienne.  

Le palais présidentiel bombardé

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