Johnny s'en va-t-en guerre


   Ce film du réalisateur communiste Dalton Trumbo est un manifeste antimilitariste. Il y dénote l'horreur, la stupidité, la monstruosité de la cruauté de la guerre, à travers le personnage Joe Bonham. Joe s'engage dans les forces armées des Etats-Unis pour dit-il sauver la démocratie. Il est en réalité le jouet, comme dans de ses jeunes compatriotes, de la propagande de son gouvernement. Ce film dénonce également l'acharnement médical et les avancées de la médecine au détriment de la dignité humaine. 

  Au front, Joe est touché par des éclats d'obus et il en restera pas indemne, il perd la vue, l'odorat, l'ouïe et se retrouve amputé de ses jambes et bras. Joe est cloué sur son lit d'hôpital, dans l'obscurité et le silence le plus total. Il ressent la présence des individus allant et venant dans sa chambre grâce aux vibrations du sol.

  Durant son hospitalisation, le jeune homme est sujet à des rêves et visions loin d'être neutres. On le retrouve entouré de jeunes soldats meurent au combat, au discours provocateur sur la fatalité de la guerre. Évoquant cette jeunesse sacrifiée par leur propre gouvernement, dans un but sinistre. Parmi tous ces hommes, l'un attire toute la lumière, il s'agit du Christ venu les guider vers l'autre monde.

  Le Christ apparaît dans plusieurs rêves et visions du jeune Joe Bonham, notamment quand celui-ci se demande comment communiquer avec le personnel communiquer. Hélas, le Christ ne lui sera d'aucune aide, dépourvu de solutions face à l'état de santé de ce malheureux sacrifié.

  Ses rêves le conduisent à se remémorer des souvenirs avec son père et la veillée funéraire quand ce dernier est décédé. Joe, petit garçon, a eu une conversation avec son paternel sur la guerre, son père lui assurant que n'importe quel homme serait fier de sacrifier son fils pour la patrie et la démocratie. Le jeune garçon rétorque alors que c'est stupide et que lui ne voudrait pas faire la guerre... C'est néanmoins grâce à une conversation imaginée avec son défunt père que Joe va trouver la solution pour communiquer avec une infirmière, qui 'est prise d'affection pour lui, puis avec le corps médical. Il va utiliser le morse.

   Dans l'une de ses visions où Joe, le protagoniste du film, s'imagine exposé comme une bête de foire, il a cette déclaration éminemment politique et bien évidemment dénonçant l'horreur de la guerre. Il déclare coupable la société entière.  "Ce qu'on va leur montrer là a été fait par des êtres humains, par vous, par moi, par tout le monde. Ça a demandé une grande préparation et coûté beaucoup d'argent... Je suis le dernier homme à m'être engagé parce que l'armée forge des hommes. Engagez-vous les gars, sous n'importe quel drapeau. Toutes les patries ont besoin de soldats et l'armée forge des hommes."



Le film se conclut par cette phrase "Il est doux et glorieux de mourir pour sa patrie" qui apparaît à la suite du générique. Il s'agit d'une citation du poète Horace, prétendant donc qu'il serait l'une des plus belles morts possibles, si ce n'est LA, de mourir au combat soit disant pour sa patrie. Ce film vise à démontrer l'ineptie de ce propos. En effet, Joe ne connaît pas la gloire ni la douceur, en étant victime d'un obus "ennemi". Il ne meurt pas dans le film mais comme il le pense, sa mort ne viendra que bien des années plus tard, il s'imagine mourir vieux dans cet hôpital, vu que le corps hospitalier fait tout, malgré sa volonté, pour le maintenir en vie. Il ne connaît pas la douceur de la mort, vu que ses blessures de guerre le font atrocement souffrir. Joe ne connaît pas non plus la gloire, son nom étant inconnu du personnel soignant et l'administration militaire ne sait pas ce qu'il est advenu de lui. Surtout, il est dans une pièce à l'écart des autres patients, le chef de cet hôpital militaire a pris la décision de le placer dans un cagibi aménagé pour ne pas atteindre la sensibilité du reste de la population hospitalière.



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