Décennie noire -Algérie.



Contexte.

De l'indépendance obtenue en 1962 jusqu'à 1988, l'Algérie est une République à parti unique. Seul le FLN a droit au chapitre.

1962. L'Algérie, après une guerre de 8 ans, obtient son indépendance.

1962-1963. Ben Bella est chef du gouvernement avant d'être, de 1963 à 1965, le premier président de la République Algérienne. Il est renversé en 1965, par un coup d'État militaire, orchestré par Boumédiène, son ministre de la défense et vice-premier ministre.

1965-1976. Boumédiène occupe le poste de Président du Conseil de la Révolution.

1976. Boumédiène est élu président de la République Algérienne, il est le seul candidat. Il obtient 99,50% des suffrages exprimés.

1978. Boumédiène meurt et laisse donc la place.

1979. Bendjedid est élu président de la République algérienne. Il est également le seul candidat et obtient 99,40% des suffrages exprimés. Il est réélu en 1984 et 1988, toujours en tant qu'unique candidat.

1988. Le peuple algérien gronde et se rassemble dans la rue. Manifestations, émeutes pour appeler à davantage de démocratie. On parle alors des Événements d'Octobre 1988.

1989. La constitution permet désormais le multipartisme.

1991. Les premières élections à l'échelle nationale, depuis l'ouverture démocratique et le multipartisme récent, sont des élections législatives. Le FIS (Front Islamique du Salut) arrive largement en tête. Le processus électoral est alors interrompu. 

1992. L'assemblée populaire nationale est dissoute. Le président Bendjedid démissionne. Un Haut Comité d'État est fondé, Boudiaf en est élu président. Seulement six mois après sa prise de fonction, Boudiaf est assassiné. Le pays plonge dans le chaos entre l'armée d'une part et les islamistes de l'autre.


  Face à une économie en déliquescence, un pouvoir politique absent et des difficultés à vivre, le peuple se tourne vers la religion et l'islamisme radical. Les seuls qui semblent prêter une oreille à leurs malheurs. Pour séduire les islamistes, en 1984, Bendjedid régit un code de la famille, profondément rétrograde et conservateur, principalement à l'égard des femmes. Désormais, les femmes sont considérées comme mineures, à vie. Le peuple algérien se rebelle en 1988, de manifestations en émeutes, le pouvoir vacille et fait appel à l'armée pour rétablir l'ordre. 

Plusieurs centaines de morts sont à déplorer. Ce mouvement de révolte de la jeunesse algérienne est récupéré par les islamistes. À cette époque, en Algérie, 75% de la population à moins de 25 ans, le pays est passé d'une population de 9 millions d'habitants, en 1962, à 22 millions en 1988. 

Devant la pression populaire, le régime est contraint de céder et en Février 1989, après un référendum, le multipartisme est adopté. Le monopole politique du FLN semble s'achever. Le FIS (Front Islamique du Salut) se développe rapidement et appelle à la fondation d'un État Islamique en Algérie sur le modèle iranien. Lors des prêches, il en profite pour mélanger politique et religion et ainsi, il tient de multiples meetings par jour.Le but du FIS est abolir la démocratie algérienne et d'imposer la charia. Les premières cibles du FIS sont bien sûr, les femmes. 

En 1990, le FIS remporte massivement les élections municipales et départementales. Kamel Guemazi remporte Alger. Malgré un rapport des services secrets algériens mettant le gouvernement en garde sur les intentions du FIS et lui conseillant de l'interdire, le gouvernement fait la sourde oreille. Néanmoins, le chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche effectue un nouveau découpage électoral pour tenter de freiner la montée du FIS dans les urnes, en vue des prochaines échéances électorales et notamment des législatives de 1991-1992. 

Se sentant floué, le FIS organise d'imposantes manifestations à Alger, et le gouvernement perd le contrôle de la situation. Hamrouche remet la démission de son gouvernement au président Bendjedid. Sid Ahmed Ghozali est nommé chef du gouvernement à la place de Hamrouche. Anticipant l'arrestation éventuelle de cadres du FIS, la direction du parti politiques islamique signe un document pour sa base militante prévoyant d'avoir recours à des kidnappings de personnalités politiques importantes, organisations d'actions violentes visant des points stratégiques de l’ennemi (le gouvernement) et s'engager dans une lutte armée. En Juin 1991, soit un an après les élections municipales et après de violents affrontements en Algérie, Abassi Madani et Ali Benhadj, les deux leaders du FIS, sont interpellés, ainsi que Kamel Guemazi, maire d'Alger. Fin décembre 1991, à quelques jours des élections législatives, devant une foule de fanatiques, le fils de Benhadj, âgé de seulement 4 ans, galvanise la foule et appelle au djihad. 

Lors du 1er tour des législatives, en décembre 1991, 41% des électeurs ne se rendent pas à leur bureau de vote et sur les votes exprimés, le 3ème "parti" est celui du vote blanc. 

Alors que le FIS arrive donc largement en tête au soir du 1er. L'Algérie déferle dans les rues et manifeste contre le FIS. Le processus électoral est interrompu et le président Bendjedid démissionne après avoir dissout l'Assemblée Populaire Nationale, sous la pression de l'armée. Mohamed Boudiaf est nommé Président du Haut Comité d'État. 

Boudiaf interdit les prêches politiques dans les mosquées, pour tenter d'affaiblir le FIS. Les leaders, malgré l'emprisonnement, déclarent officiellement le Djihad, ils déclarent la guerre au gouvernement algérien. 

Après un premier attentat à la voiture piégée, Boudiaf décrète l'État d'urgence et entame une procédure de dissolution du FIS. Le gouvernement crée des camps d'internement, avec pour but de casser la dynamique du FIS, des dizaines de milliers d'algériens seront détenus dans des conditions désastreuses, sans avoir été jugés préalablement. Le Comité d'État défendra cette mesure en prônant l'ordre et prétextant défendre les citoyens. Hors, ces camps vont faire le jeu des islamistes. Ces derniers vont encadrer les citoyens innocents et les endoctrinés à la propagande islamiste.  

Fin Juin 1992, alors qu'il participe à une réunion publique concernant la situation du pays, le président Boudiaf est assassiné. Le criminel est un islamiste appartenant au Groupe d'Intervention Spéciale au sein  de la police algérienne. Il était, ce jour-là, affecté à la surveillance de la protection du président. Il déclarera lors de son procès agir pour le FIS. Lors de son procès, il est condamné à la peine capitale, la sentence n'a pas été effectué.

Quelques jours après cette tragédie, Ali Kafi est nommé Président du Haut Comité d'État à la place du défunt Boudiaf. Contrairement à Boudiaf, Kafi entend parlementer avec les islamistes et essayer de trouver un accord politique.

Août 1992. Un explosion ravage l'aéroport d'Alger, l'enquête montrera la responsabilité du FIS dans cet attentat qui aura coûté la vie à 10 personnes. Les criminels seront condamnés à mort.  

À cette même époque, le GIA (Groupe Islamique Armé) est fondé par 8 hommes du FIS. Il s'agit d'un groupe terroriste soutenant l'idéologie de la fondation d'un État islamique par les armes.

L'État et la justice sont également par la présence d'islamistes, en leur sein. Le GIA et le FIS reçoivent des informations capitales émanent du pouvoir politique. Sur le terrain, l'armée et la police ne progressent et sont régulièrement la cible des islamistes. Ils ne sont pas habitués à ce genre d'affrontements urbains. Les intellectuels sont eux-aussi victimes des attentas islamistes. Le 2 Juin 1993, le journaliste et écrivain Tahar Djaout est assassiné. 

En Mars 1993, sous l'impulsion de l'Union Générale des Travailleurs Algériens et de son secrétaire général, Abdelhak Benhamouda, une importante manifestation est organisée pour dénoncer le terrorisme islamique. Elle rassemble 3 millions d'Algériens dans le pays. En 1997, Abdelhak Benhamouda sera assassiné par le FIS.  

En Octobre 1993, trois fonctionnaires français du consulat sont enlevés, ils seront relâchés avec un message aux ambassades étrangères, pour tous les ressortissants étrangers vivant en Algérie. Les islamistes les informent qu'ils doivent avoir quitté le pays avant la fin de l'année, sous peine d'être responsables de leur mort. 

En Janvier 1994, lors de la conférence nationale, la présidence d'Ali Kafi s'achève. Les partisans du dialogue avec le islamistes et ceux voulant les éliminer coûte que coûte trouve un compromis en nommant Liamine Zéroual président de la République Algérienne. 

Les différentes factions islamistes, par les voix de leurs chefs, décident de faire front commun pour combattre l'État algérien et faire de l'Algérie, un État islamique. Certains territoires ruraux algériens tombent aux mains du GIA et la loi de la charia y est appliquée. Tout opposant à l'islamisme, toute femme refusant le voile y est tué. Il contrôle tous les aspects de la vie publique de ces territoires et y font régner la terreur.

Mars 1994. Pour avoir refusé le port du voile, une jeune lycéenne est égorgée par des membres du GIA. S'ensuit des manifestations dans le pays pour s'opposer à l'islamisme, la population civile enjoint le président Zéroual à combattre les islamistes et à ne pas négocier avec eux. 

À partir d'août 1994, l'armée algérienne prend l'initiative de distribuer des armes aux civils algériens et de les former au combat, au maniement des armes. Les citoyens entrent en guerre, aux côtés de l'armée, contre les islamistes. À cette même époque, des civils repoussent, dans un village, un assaut des membres du GIA.

En Septembre 1994, alors que les islamistes se sont attaqués à des enseignants pour empêcher la rentrée des classes, le gouvernement tente de parlementer avec le FIS pour l'arrêt des attentats et tenter de pacifier le pays. Ces discussions se soldent par la libération des leaders du FIS Abassi et Benhadj notamment, après 3 ans de détention. 

Janvier 1995. Un attentat à la voiture piégée, devant un commissariat de police, dans une rue très fréquentée, fait 42 morts et des centaines de blessés. L'attentat, revendiqué par le GIA, a lieu seulement deux semaines après la réunion de Rome. Cette réunion rassemblait plusieurs partis politiques algériens dont le FLN et les socialistes (FFS) ainsi que le FIS. Un accord est signé pour arriver à la paix, le FIS s'engage à respecter le processus électoral et démocratique. Néanmoins, le gouvernement s'y oppose et ne veut pas négocier avec les islamistes. Le GIA considère que le FIS a trahit l'union des islamistes, c'est la scission.

Juillet 1995. Le GIA orchestre un attentat en France, une bombe explose dans le RER B. L'attentat fait 8 morts et plus d'une centaine de blessés. Cet attentat est ancré dans une série d'attaques visant la France pour ses relations avec le gouvernement algérien. Après l'assassinat de 5 français à Alger en Août 1994, la prise d'otages et le détournement d'un avion partant d'Alger à destination de Paris, l'avion se posera finalement à Marseille. Trois passagers seront exécutés avant l'intervention du GIGN. 

Novembre 1995: Les algériens sont appelés aux urnes pour élire leur président de la République. Le président sortant Lamine Zeroual est élu, dès le 1er tour, avec 61% des voix. Le FIS avait fait le choix de boycotter ces élections et n'avait donc pas présenter de candidat. 75% des inscrits sur les listes électorales se sont rendus aux urnes. Ahmed Ouyahia est nommé chef du gouvernement.

Mars 1996. Le GIA enlève sept moines français dans des montagnes à Tibhirine. Djamel Zitouni commanditaire de cet enlèvement veut négocier avec la France et exhorte le gouvernement d'arrêter ses accointances avec Alger. Il exige que la France libère des chefs du GIA pour entamer les négociations. Sans nouvelle du gouvernement français, les moins sont exécutés en Mai 1996.

Le gouvernement fait adopter la loi de clémence pour les islamistes qui souhaitent se repentir. De nombreux djihadistes abandonnent la lutte armée et constate que le gouvernement tient parole. En retour, ces repentis livrent des informations à l'armée algérienne qui s'avèrent cruciales et permettent d'appréhender de nombreux islamistes. De nombreuses tensions émanent et divisent les islamistes. 

Juin 1997. Les algériens sont appelés aux urnes lors des élections législatives. Le parti du président Zeroual obtient 156 députés. De nombreux scandales éclatent, l'élection aurait été en partie truquée. Des observateurs du bon déroulé des opérations ont été victimes d'agressions et d'intimidations. 

Septembre 1997. Les islamistes du GIA organisent méthodiquement le massacre de Benthalha. Ils quadrillent la ville, bouclent les quartiers pour empêcher toute intervention de l'armée et débutent le massacre de plus de 200 villageois. Avant l'opération, ils avaient pris soin de repérer les lieux et d'identifier les logements. Parmi les habitants résident des soutiens des islamistes, ils seront épargnés. Une femme était passé plusieurs jours avant simulant un recensement pour connaître le nombre d'habitants par logements. Ils massacrent tout le monde, y compris les nouveaux-nés. 

Entre ces deux événements, beaucoup d'algériens ont été arrêtés sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Les organisations internationales et algériennes des droits de l'homme dénoncent ces atteintes. 

Septembre 1998. Le président de la République Algérienne, Lamine Zéroual démissionne. Il annonce des élections présidentielles anticipées en Avril 1999. Bouteflika sera élu dès le 1er tour de celles-ci avec avec 74% des suffrages.

L'arrivée de Bouteflika permet de ramener l'Algérie sur le devant de la scène internationale. Sur le dossier islamiste, il maintient la politique de réconciliation, ces derniers sont de plus en plus à abandonner le maquis et regagner leur vie d'avant. Le FIS perd peu à peu son armée d'islamistes et a donc moins d'influence sur le champ politique, l'AIS (Armée Islamique du Salut) disparaît. Cette réconciliation ne plaît pas aux familles de victimes, d'importantes manifestations ont lieu dans la majorité du pays. 

Bien que le GIA continue ses crimes, la guerre est perdue par les islamistes.

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