Triangle rose
Triangle rose est une bande dessinée historique de Michel Dufranne, Milorad Vicanovic-Maza et Christian Lerolle, publiée en 2011 par Quadrants. Elle raconte l’histoire d’Andreas, un homosexuel discret et joyeux dans le Berlin des années 1930. Alors que le nazisme monte en puissance, des lois discriminatoires, notamment le paragraphe 175, criminalisent l’homosexualité. Andreas subit la violence, l’emprisonnement, puis la déportation dans un camp de concentration, où il est marqué du triangle rose, symbole des homosexuels sous le régime nazi. Survivant aux horreurs, il ne trouve pas la paix après la guerre : considéré comme criminel de droit commun, il lutte pour sa réhabilitation, allant jusqu’à nier son identité en se faisant passer pour un « triangle rouge » (prisonnier politique) et en se mariant avec une lesbienne pour se conformer à la société.
Le récit, encadré par une discussion contemporaine entre Andreas, devenu un vieil homme aigri, et son petit-fils pour un devoir scolaire, met en lumière la persécution des homosexuels, un sujet peu traité. Cette œuvre, à la fois intime et historique, rend hommage aux victimes oubliées du nazisme tout en dénonçant les discriminations persistantes.
Quand Hitler accède au pouvoir en 1933, du fait de l'homosexualité connu de plusieurs membres de sa garde rapprochée des SA, dont Ernst Rohm, leur chef, les homosexuels allemands ne pensent pas que le régime en place les visera.
Pourtant, lors de la Nuit des longs couteaux, Hitler fait assassiner une très large partie des SA et Rohm fait partie des victimes de ce règlement de compte entre nazis. Pour justifier le meurtre de son lieutenant durant son ascension au pouvoir, Hitler évoque son homosexualité...
Le régime nazi considère l'homosexualité comme une anomalie, une déviance. Ils sont désignés comme ennemi par les conséquences de leur homosexualité, ne pouvant enfanter et donc ne pouvant participer à la politique nataliste voulu par le régime.
C'est la gestapo qui est en charge du dossier des homosexuels. Elle les fiche et opère une politique répressive de grande persécution. Les nazis s'appuient sur le paragraphe 175 de la législation allemande pour justifier leur politique homophobe. Cette loi figure au code pénal allemand depuis 1871 et l'unification allemande, c'est le chancelier Bismarck qui en est à l'origine. Durant la courte République de Weimar, cette loi reste en loi, même si les autorités sont plus souples et qu'elle est moins appliquée. Les allemands homosexuels commencent à jouir d'une certaine liberté. Les militants gays, soutenus par la gauche, demandent l'abrogation de l'article 175.
À partir de 1935, la législation nazie se durcit à l'encontre des homosexuels. Bien évidemment, la gestapo et le reste des autorités nazies vont se donner à cœur joie de faire appliquer ces mesures homophobes. Les homosexuels sont ainsi envoyés dans les camps de concentration, où ils subissent de nombreux sévices.
À la chute du régime nazi, le paragraphe 175 demeure. L'homosexualité demeure illégale et des poursuites judiciaires à leur encontre restent courantes. Aucune réhabilitation pour les victimes homosexuelles du nazisme, au contraire, ils restent ostracisés et poursuivis par la justice. Les rescapés des camps nazis seront envoyés en prison.
En RDA, République Démocratique Allemande, État communiste, sous la tutelle moscovite, le paragraphe 175 est conservé en 1957, en restreignant les actes sexuels pour les moins de 21 ans. Le régime communiste en place en RDA considère que l'homosexualité est le cancer de l'homme capitaliste, ce qui, selon sa doctrine, justifie de conserver cette législature. En 1967, le paragraphe 175 est abrogé, ce qui décriminalise l'homosexualité. Comme pour les relations hétérosexuelles, la majorité sexuelle est fixée à 14 ans.
En RFA, République Fédérale Allemande, État allié des occidentaux, adepte de la doctrine capitaliste des USA, le paragraphe 175 est également maintenu. Dès lors, en RFA, les homosexuels n'ont plus la moindre vie privée, leurs proches sont fréquemment interrogés pour connaître le mode de vie des victimes de ce paragraphe 175. Le régime ouest-allemand considère que l'homosexualité bafoue les us et coutumes du pays et parle de comportement sexuel débridé. En 1969, soit deux après la RDA, la RFA abolit le paragraphe 175 et légalise l'homosexualité. La majorité sexuelle est fixée à 21 ans, puis, en 1973, à 18 ans. Néanmoins, les policiers ouest-allemands continuent de fichier les homosexuels sur des listes roses.
Il faudra attendre 2017, pour que les homosexuels poursuivis par les différents régiments en place depuis 1933, soient réhabilités et indemnisés pour réparer ces erreurs judiciaires appliquant un texte homophobe.
Après la réunification, le paragraphe 175 est abrogé en 1994 par le Bundestag.
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