Amen (BD)
Présentation de la Bande Dessinée Amen de Georges BessAmen est un diptyque de science-fiction publié en 2021. Écrit et dessiné par Georges Bess, il s'inspire librement de Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, transposé dans un univers de space opera interplanétaire marqué par des guerres de religions fanatiques. L'histoire explore les thèmes de la colonisation, de l'extrémisme religieux et de la folie humaine à travers une expédition sur la planète mystérieuse d'Arcadia.
Dans une galaxie déchirée par des conflits religieux interminables, la Coalition envoie une troisième expédition sur Arcadia, une planète aux confins de l'univers connu, où deux missions précédentes ont disparu sans laisser de traces. L'équipage de l'"El Dorado" est un mélange hétéroclite : moines sadiques en quête de conversion, mercenaires assoiffés de sang et de richesse, et deux figures plus nuancées, Ishoa (guide spirituel tourmenté) et Maki (pilote pragmatique). Dès leur arrivée, des phénomènes inexplicables plongent le groupe dans une spirale de violence et de paranoïa. Le récit, structuré avec des flash-backs, suit leur descente aux enfers sur une planète grouillante de vie sauvage et d'embûches, où la soif de pouvoir et de foi extrême révèle les pires instincts humains. Le tome se clôt sur un cliffhanger haletant, avec la découverte d'autochtones qui bouleverse l'équilibre précaire du groupe.
Tome 2 : Kurtz, là où rêvent les étoiles
Tome 2 : Kurtz, là où rêvent les étoiles
La suite reprend directement après la confrontation explosive du premier tome. Les survivants poursuivent leur périple vers le cœur d'Arcadia, où la nourriture manque, les maladies se propagent et les tensions internes explosent en une démence collective. Les mercenaires, initialement prêts à massacrer les autochtones, sombrent dans l'auto-destruction. Ishoa entame un parcours initiatique plus introspectif, pénétrant les mystères profonds de la planète et questionnant la véritable mission de l'expédition. Sans flash-backs cette fois, l'histoire devient plus linéaire, explorant des thèmes philosophiques comme la rédemption humaine et la confrontation avec l'inconnu. Le récit culmine en une révélation sur la nature d'Arcadia et les illusions de la Coalition.
Analyse
Amen est une œuvre audacieuse qui revisite le space opera avec un ton parodique et décomplexé, évoquant l'esprit rebelle de Métal Hurlant des années 1980. Georges Bess délaisse ici un trait réaliste pour un style caricatural, dynamique et exubérant, qui amplifie l'absurdité des personnages – des "gueules" grotesques et expressives qui renforcent l'ironie du récit et donnent une image risible des colons. Les décors d'Arcadia, luxuriants et oppressants sont un régal visuel, avec une colorisation vive qui contraste avec la noirceur thématique. Le diptyque est une charge féroce contre l'extrémisme religieux, le colonialisme et la folie conquérante de l'humanité, avec des échos aux croisades historiques et à l'inquisition. Les religieux contraignant les colonisés à se convertir ou à être tués. Il pose des questions humanistes intemporelles : l'homme mérite-t-il une "seconde chance" face à sa destructivité ? Le mysticisme final, teinté de transhumanisme, apporte une couche philosophique inattendue et poignante. Enfin les êtres de cette planète ne connaissent ni le travail, mettant ainsi fin à l'exploitation des travailleurs, ni la violence, ni le vol considéré, sur cette planète comme part différentes facettes des idéologies communistes et anarchistes comme un vol. Maki renomme Arcadia en Utopia de part les valeurs prônées par le peuple arcadien et son mode de vie. L'idéologie ayant elle-même était taxée d'utopique.
Le tome 1, avec ses boucles temporelles, crée une immersion haletante et intrigante, tandis que le tome 2 opte pour une linéarité qui approfondit l'initiation d'Ishoa, bouclant l'arc avec brio. Un exutoire jubilatoire qui mélange violence gore, humour noir et réflexion sociale, idéal pour les fans de SF critique comme Dune ou The Expanse.
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