Tsunami (BD)
RésuméTsunami écrite par Stéphane Piatzszek et dessinée par Jean-Denis Pendanx. Ce one-shot mêle aventure, polar initiatique et réflexion sur les séquelles d'une catastrophe naturelle, se déroulant en Indonésie neuf ans après le tsunami dévastateur de 2004 qui a frappé l'océan Indien, causant plus de 230 000 morts.
Intrigue principale :
Le protagoniste, Romain Mataresse, un jeune français marginal et junkie, arrive à Banda Aceh, à la pointe nord de l'île de Sumatra. Cette ville fut l'épicentre du séisme et du tsunami, et porte encore les cicatrices visibles de la tragédie. Romain est venu avec un simple sac à dos pour une raison obsédante : retrouver sa sœur aînée, Elsa, disparue 16 ans plus tôt lors d'une mission humanitaire. Médecin bénévole, Elsa soignait les victimes du tsunami quand elle s'est volatilisée. Aidé par un policier local qui se souvient vaguement d'elle, Romain remonte la piste à travers l'archipel indonésien. Son périple le mène à croiser une jeune Papoue en cavale, experte en vaudou et en "morts qui marchent", qui devient une alliée inattendue. Ensemble, ils explorent jungles luxuriantes, villages isolés et chemins hantés par des fantômes symboliques, dans une quête mêlant indices concrets et éléments mystiques. Romain affronte non seulement le mystère de la disparition, mais aussi son propre deuil et sa quête d'identité.Le récit est structuré comme un journal de bord, alternant entre la dure réalité post-catastrophe et des touches d'exotisme poétique, sans jamais montrer explicitement les images apocalyptiques du tsunami.Analyse de la BD
Tsunami se distingue par son approche sensible et nuancée d'un sujet tragique, évitant le sensationnalisme pour privilégier une introspection humaine et une célébration de la résilience.
La BD n'est pas un simple récit catastrophe, mais une méditation sur les "tsunamis intérieurs" : le deuil familial inachevé de Romain, les traumatismes psychologiques des survivants indonésiens, et la fragilité humaine face à l'immensité de la nature. Piatzszek, qui connaît bien l'Indonésie, infuse au récit une authenticité ethnographique, soulignant la "résignation admirable" d'un peuple qui a rebâti sur les ruines. Des motifs récurrents comme les fantômes ou les noms évocateurs (l'enfant Tsunami) rappellent que les catastrophes ne s'effacent pas : elles marquent les paysages, les mémoires et les générations. C'est une leçon d'humilité – "nous sommes bien peu de choses dans ce monde" – qui invite à chérir les liens simples et le bonheur accessible, malgré la perte.
Le scénario de Piatzszek est un hybride réussi entre thriller et road-movie initiatique. Romain, outsider occidental naïf, évolue d'un jeune homme égaré à un adulte apaisé, via des épreuves physiques et spirituelles. L'ajout d'éléments surnaturels apporte une dimension mystique renforçant le thème de la "paix intérieure". Le rythme est fluide, avec une première partie focalisée sur les stigmates urbains de Banda Aceh, et une seconde plus immersive dans la nature indonésienne.
En somme, Tsunami est une perle rare : une BD poétique qui transforme un drame réel en fable humaniste, idéale pour les amateurs d'aventures introspectives et de beaux dessins. Si vous l'avez lue, elle laisse une empreinte apaisante, comme une marée qui se retire pour révéler des trésors enfouis.
On notera qu'une mosquée, fabriquée en pierre, tient debout au milieu des ruines des habitations, construites dans un matériau plus modeste. Comme un symbole de spiritualité et montrant l'importance du religieux pour les indonésiens.
https://youtu.be/xY_pH7_X8Mk

Commentaires
Enregistrer un commentaire